Helldriver

Après une pause salutaire pour reconstituer notre neurone, nous entamons notre deuxième saison de visionnage de navet. Lors de la saison 1, nous nous sommes tout de même imposés une dizaine de films dont certains nous ont demandé un courage et une énergie faramineuse pour atteindre le générique. Pourquoi nous imposons nous ça, oui pourquoi ? Et bien je vais vous le dire... PARCE QUE ! Et puis c'est tout. D'abord c'est la faute de nos adeptes, à la limite de la zombification même s'ils ont le bon goût de ne pas laisser des morceaux sur la moquette (à part des morceaux de pizza mais c'est pas pareil), chaque session nous amène des petits nouveaux et parfois même des récidivistes. Il faut bien le dire, n'importe quelle occasion est bonne à prendre pour descendre quelques bières accompagnées de saucissons et autres pizzas.

Donc gonflé à bloc pour cette deuxième saison, nous avons décidé de frapper fort en sélectionnant un film japonais pour une reprise digne de ce nom. Pour tout dire, une dizaine de titres prometteurs était présélectionnée et c'est suite à un vote unanime (pas comme à l'UMP) que Helldriver a gagné son visionnage. Comme quoi, la démocratie peut avoir ses limites. Techniquement, Helldriver est un film japonais de 2010 mais ça se voit pas. C'est à peu près aussi bien filmé qu'à l'époque de Bioman sauf que là, le film ne fait pas loin d'1h56.

L'histoire est assez simple et à la fois, extrêmement compliquée. Il s'agit d'une jeune fille qui voit son père se faire torturer et immoler par un couple de gentils dingo. D'un coup, une météorite se pointe, traverse le corps de la méchante qui, pour survivre, arrache le coeur de la pauvre orpheline et se fait squatter la tête par une sorte d'étoile de mer tout droit sortie de Marioland.

A partir de là les zombies prolifèrent, le gouvernement panique et construit un mur pour séparer les zombies des gens normaux. Particularité intéressante du zombie, une sorte d'antenne qui pousse sur le front et qui est très prisée pour ses qualités... bah en fait on ne sait pas exactement. Enfin quoiqu'il en soit il y a des chasseurs que ça intéressent. Enfin plutôt des pêcheurs, ce qui donne lieu à une scène plutôt anthologique où l'on s'initie au joie de la pêche aux zombies au grappin. Ca gicle, ca déchiquette à coup d'effets spéciaux miteux et très très cheap. Bon notre héroïne, dont on a arraché le coeur, je vous le rappel, fini dans un hopital, enfin sur un lit avec un bandage sur la tête et un petit sparadrap sur l'oeil (technique novatrice pour la transplantation cardiaque). Puis on la retrouve transformée en une sorte de robot avec une épée tronçonneuse intégrée qu'elle démarre comme une tondeuse à gazon.

Mais attention, y a de l'action mais aussi beaucoup de réflexion avec un parallélisme sur les dérives fascisantes du premier ministre qui veut exterminer les pauvres zombis, du coup il finit par récupérer la p'tite moustache qui va bien et quelques autres symboles bien connus du IIIe reich. C'est aussi subtile qu'un brontosaure dans un champ de melons.

Ah oui, le melon, si jamais quelqu'un a une connaissance poussée de la culture nippone je voudrais bien qu'il nous dise ce que représente le melon pour un japonais. En effet, à plusieurs reprises, des melons apparaissent dans le film sans vraiment de raisons apparentes. Un moment on voit une caisse remplie de têtes de zombies qui est ensuite remplacée, dans un habile fondu enchainé que Ed Wood n'aurait pas renié, par une cagette de melons Franchement, on a pas compris, et ça revient de temps en temps (pas la cagette mais le melon).

Si tout ça vous semble décousu c'est normal, le film est monté n'importe comment sans aucune logique. Tarentino avait tenté le coup dans Pulp Fiction en commençant par la fin puis en ne suivant pas une chronologie normale, mais à la fin on arrivait à recoller les morceaux. La non, le film est une succession de scènes bizarres plus ou moins gores et glauques. Quelques unes ressortent tout de même comme l'attaque d'un bébé difforme retenu par son cordon ombilicale, un avion constitué de pleins de zombies, une voiture aussi fait de la même matière...

Enfin faut le voir et l'entendre aussi ! La bande son est juste extraordinaire entre country et morceaux classiques massacrés façon zombie. Le doublage de ce genre de film est toujours extraordinaire avec des voix improbables soutenues par une traduction qui nous incite à nous mettre au japonais pour savoir si c'est bien fidèle à la VO. Je ne résiste pas à citer quelques répliques :

Tout ce qui sort de moi reste ma propriété

J'en ai vu des choses et pourtant je suis américain

Vous pensiez vraiment pouvoir me tuer avec un suppo ?

C'est une expérience assez extraordinaire, mais bizarrement on est content quand ça s'arrête mais on peut pas dire qu'on s'ennuie, les deux heures passent plutôt vite. Je vous le conseille et pas uniquement pour me venger de l'avoir vu, mais parce que ça mérite tout de même le détour. En fait, ce film invente une nouvelle catégorie ici on ne parle plus de navet ni de nanard mais de melon.

Voilà, ce film est un melon, peux pas dire mieux.

Personnes qui ont pris le melon : 7 (quand même ! Vous êtes tous des grands malades !)