Paul, un film venu d'ailleurs, pas comme le prénom
Par Garulfin le vendredi, décembre 14 2012, 23:20 - Lien permanent
Il y a de ces soirées où l'on se sent particulièrement faignant, une de ces soirées où il fait froid et où la simple possibilité d'allumer son cerveau paraît une opération irréalisable. Le navet est, hélàs assez, neurophage et si l'on est pas en forme le cerveau peut couler par les oreilles ou par le nez. Evidemment ce n'est pas conseillé et c'est parfois irréversible. Heureusement, il existe le nanard, le film dont on est pratiquement certain qu'il sera d'une consommation facile et sans trop de surprise à la clé. C'est le cas de « Paul ».
L'histoire est vite tracée, nous suivons un duo anglais de geeks frisant la quarantaine très copains (tout le monde les prend pour des homos d'autant plus qu'il se surnomme dans l'intimité Titounet et Canard). Ils ont les boutons acnéiques en moins mais le cerveau aussi jeune qu'un lycéen qui vient de s'enfiler trois fois d'affilé la guerre des étoiles en 24 heures. Grande folie pour eux, ils ont quitté leur home natal anglais pour se payer une virée aux Etats Unis pour assister au Comic Con de San Diego. C'est également le pretexte pour visiter des sites mythiques pour le fan de SF moyen tel que Roswell, la zone 51 etc. Tout ça dans un camping car de location miteux sentant bon les années 70.
Et puis paf, il tombe sur un vrai extraterrestre, le même que celui de Roswell qui s'est bêtement écrasé sur un chien en 1947, le chien s'appelait Paul. Voilà qui explique le nom bien de chez nous de cette extraterrestre. Ce dernier se retrouve l'invité forcé du gouvernement américain. Mais ça ne l'embête pas tant que ça sauf qu'au bout de 60 ans, il prend le mal du pays et décide de rentrer chez lui. C'est au début de sa cavale qu'il tombe sur nos deux héros après avoir eu un accident de voiture (il conduit aussi bien les voitures humaines que sa soucoupe volante). Après que les deux compères aient été rassurés en apprenant qu'ils n'auraient pas le droit à enlèvement impliquant de nombreux examens dont le fameux examen colo rectal très en vogue dans les légendes intergalactiques, c'est le début d'un road movie somme toute assez classique à la Thelma et Louise en compagnie des deux abrutis humains et d'un extraterrestre au grand coeur mais extrêmement beauf (il fume, il boit, il se drogue et montre ce qui lui sert de cul à peu près toutes les dix minutes).
C'est l'occasion de rencontrer un panel de personnage qui va de la femme tenue par un père hypra religieux à côté du quel l'intégriste moyen passe pour une lopette. Elle fuira avec ce drôle de trio et oubliera très vite sa bonne éducation religieuse et apprendra les délices de dire des gros mots toutes les trois phrases et de vouloir forniquer à tout va. Bien entendu, il y a les méchants, des agents gouvernementaux qui pourchassent les pauvres fugitifs. Ce sont de vrais caricatures façon Men in Black mais version sourire de l'agent K et sans la coolitude de l'agent J ou de Fox Mulder mais sans l'intelligence.
D'ailleurs les clins d'oeil sont plus que nombreux vers les films chers au geek : de la guerre des étoiles, en passant par X Files et en n'oubliant pas un crochet par Indiana Jones (y en a plein d'autres mais on vous laisse dresser la liste vous même, on va quand même pas tout vous mâcher). Nous apprendrons d'ailleurs que notre sympathique extraterrestre est l'inspirateur de toutes la culture SF geek depuis 60 ans.
C'est vraiment le bon pote cet extraterrestre, à part pour les oiseaux, un vrai bisounours qui aurait découvert les joies de la drogue. On frôle l'analogie (et non, ce n'est pas un gros mot) avec Jésus, persécuté mais toujours prêt à aider son prochain même si ça met sa vie en danger et jamais avare de miracles. Vraiment bien ce gars, je veux le même comme ami.
Coté acteur, on retrouve avec plaisir les deux acteurs du film Shaun of the dead (qui sera un jour chroniqué sur ce blog, c'est incontournable) qui reprennent presque le même rôle de crétins benêts. C'est aussi, du coup, le même duo que Hot Fuzz (incontournable aussi). Parce qu'on est vachement documenté je vous donne les noms des acteurs Simon Pegg (c'est le blond) et Nick Frost (le gars moins maigre). Simon Pegg signe d'ailleurs le scénario comme il le fait habituellement. Seul différence ils sont quatre à co-signer le scénario contre beaucoup moins pour sa période anglaise.
C'est l'un des problèmes majeur du film comme beaucoup d'anglais qui tente l'aventure sur le territoire américain. Ils ont plus de moyens, plus de scénaristes, du joli matériel mais ils perdent le coté so british très non sens et fauché qui fait le sel des comédies britanniques.
Sincèrement, c'est très bien fait, notre public a souvent ri, c'est agréable comme une doudoune mais la synthétique, pas celle avec de la plume d'oie premier choix.
Et puis il y a un autre problème, un très gros mais seulement dans la version française. Paul a une voix familière, beaucoup trop familière et il y a un moment où l'on percute, où soudain ce devient une évidence qui nous pousse à nous jeter à genoux en criant dans un râle lugubre : « Noooooooooooooooooooon »... Plus sobrement, la voix française de l'extraterrestre est assurée par Philippe Manoeuvre surtout connu pour ses lunettes noires permanentes (comme ses cheveux) quelques soit l'heure de la nuit et de sa triste prestation dans l'émission « Nouvelle Star » (non j'ai jamais regardé, on m'a raconté).
Pour résumer un film bien tourné, un duo sympathique quelques seconds rôles très caricaturaux mais agréables, un alien de synthèse convaincant, un scénario amusant mais sans folie et sans surprise. Une bonne soirée malgré les sonorités de la voix de Philippe Manoeuvre (faut quand même pas exagérer, ça reste supportable, surtout si on ne connait pas le bonhomme ou si on l'apprécie, ça peut arriver, y a bien des gens qui aiment regarder des navets alors tout est possible !)
Nombre de candidats pour une rencontre du 3e type : 8
Commentaires
Un film fort sympathique qui n'exige pas une réflexion trop poussée. Des effets spéciaux dignes de ce nom un scénario qui tient la route même s'il n'a rien d'extraordinaire. Bref un nanard très (trop ?) correct.
Par contre encore une fois la description est approximative :p.
Plus que le mal du pays c'est le fait que le gouvernement ait décidé de séparé le cerveau de notre joyeux petit extraterrestre du reste de son corps pour en faire une étude approfondie qui a motivé Paul à s'enfuir et qui fait qu'il n'a vraiment pas envie d'être rattrapé.
Précision tout à fait exacte encore une fois ! Je salue le sérieux que tu apportes au visionnage. Tu as totalement compris qu'on est pas la pour rigoler et que notre mission est sacrée. Tu as la foi jeune Padawan et tu m'as ramené sur le droit chemin. Je ferai donc plus attention pour les prochaines fois... Enfin c'est pas gagné quand même