Volcano HighC'est tellement gratifiant d'appartenir à un club navet j'en pleurerai, chaque séance apporte son lot de nouveautés et (hélas) de nouveaux films. Ce fut le cas pour cette séance où le film fut apporté par un parfait néophyte du club mais un vrai sympathisant du bon navet. Il nous a proposé un film, et là ou c'est fort, c'est un vrai DVD qu'il a payé avec ses sous. Même pas un cadeau, un vol, une copie ou un téléchargement... y'en a qui paye pour voir ce genre de films, le monde est fou et va à sa perte, ce sont les premiers signes de l'apocalypse. Mon Dieu sauvez nous mais surtout moi. Je pense qu'il est peut être temps de faire payer nos futures séances, il y a décidément un marché insoupçonné à exploiter.

Bref, le film proposé s'intitulait "Volcano High" et était en compétition avec « Dead or Alive » (le sympa, celui avec des jeunes demoiselles légèrement vêtues qui se tapent dessus avec allégresse), « Pegasus vs Chimera » et « Chupacabra vs Alamo » autant dire que le choix fut très très dur. C'est donc Volcano High qui a gagné, mais bon, pas de panique les autres restent (hélas encore) en compétition... j'ai hâte et je suis certain de ne pas être le seul. Re bref, rentrons dans le vif du sujet (aïe a fait le sujet), Volcano High est un film sud coréen sorti sur les écrans en 2001 et réalisé par Kim Tae-gyun, ce qui est une information capitale. Alors, sur la jaquette du film ce monument du 7e art est comparé à Matrix certainement parce qu'il y a des gars qui se tapent dessus à coup d'arts martiaux et qu'il y a un élu qui fait rien qu'à avoir l'air d'un chien battu et qui passe son temps à se prendre des tartes dans la gueule avec constance (et non pas avec Trinity, hu hu hu il est trop mauvais ce gag). C'est à peu près la seule chose commune avec Matrix.

Non, la scène du début aussi, nous nous trouvons dans une salle de classe ou soudain un professeur décide de lancer sa craie pour réveiller un élève (notre héros). La craie bénéficie soudain d'un effet bullet time provoquant des ondes sur son passage faisant référence à la fameuse scène où Néo affronte les agents. Soudain, le héros bloque télékinésiquement l'attaque et renvoie le projectile sur le pauvre professeur qui passe violemment à travers le mur. Première scène et première rigolade. A ce propos, le coréen semble ignorer l'usage des portes, en effet tout le monde passe son temps à sauter par les fenêtres et à traverser des murs, faudra peut être leur expliquer le concept de la porte, pratique qui pourrait éviter des blessés. D'un autre côté les murs sont en bois et en papier, ça limite les dégâts corporels. C'est au moins ça qu'on ne peut pas retirer au film, c'est assez drôle dans l'ensemble et les situations sont plutôt cocasses. Ce qui est certain, c'est que ni le réalisateur ni les acteurs ne se prennent au sérieux une seule minute. La façon de jouer de chaque acteur fait penser au cinéma muet du début du XXe siècle où les acteurs étaient obligés de surjouer les expressions pour bien faire passer l'émotion au public. Là c'est pareil mais avec du son. Leur jeu ressemble à un manga façon Dragon ball, chaque expression des acteurs est figée pendant 20 secondes (minimum) sur leur visage et il me semble que Sangoku est à peine moins expressif. Bien la peine que le film dépense 24 images par seconde sur des gros plans de visage alors qu'une photo suffirait.

Allons y pour l'histoire, attention, c'est du lourd qui tient à peu près sur un post'it. Donc, nous avons un élève qui se fait virer de tous les lycées pour mauvaise conduite et échoue au lycée de la dernière chance Volcano High où une guerre entre différents clans fait rage. On nous dit rapidement que c'est le cas dans toutes les écoles du pays, information très importante puisque des autres écoles, jamais il ne sera question. Le proviseur de Volcano détient un manuscrit qui promet de grand pouvoir à celui qui le possède, En plus le proviseur nargue tout le monde avec cette relique et, évidemment, tout le monde veut mettre la main dessus. Parfait prétexte pour que tout le monde se tape dessus pour décrocher le Mickey. Au milieu de ça notre héros débarque et essaye de faire profil bas. Mais il se fait prendre à partie rapidement par tout le monde et à chaque fois il prend des dérouillées mémorables. A chaque fois il prend le dessus et chaque fois il a un flashback où il voit son père qui lui dit « c'est pas bien » et là il perd tous ses moyens et boum, il fait carpette. Évidemment il tombe amoureux de la fille qui faut pas et qui est particulièrement convoitée par le chef du clan dominant. Ce qui augmente ses raisons pour se faire taper sur sa tête d'abruti (il respire pas l'intelligence). Entre ces nombreux passages à tabac, la guerre fait rage et le proviseur se retrouve empoisonné et paralysé. Son adjoint prend sa place, le pouvoir et joue à l'empereur du coin. Ce qui est rigolo avec l'adjoint, c'est qu'il semble imiter Michel Leeb faisant sa fameuse imitation du chinois. Le pouvoir lui monte à la tête aussi surement que la moutarde monte au nez et il fait appel à des super éducateurs pour pacifier le lycée et assurer sa domination.

Tout cela est un peu confus et parsemé de scènes qui n'ont pas vraiment de rapport les unes avec les autres, on sait juste qu'un moment ou un autre le chef des super surveillant se fritera avec notre héros. On a parfois l'impression qu'ils se connaissent puis pas. L'art du montage ne semble pas faire partie des nombreuses techniques martiales présentes dans le film, enfin ça reste moins incohérent que d'autres films asiatiques du même genre. Pour revenir sur les flashbacks avec son père, nous n'en saurons pas bien plus, la seule lumière sur son passé et sur ses pouvoirs viendra d'une scène où on le voit, enfant, tomber dans un bassin plein d'anguilles électriques. On en déduit finement que c'est là d'où viennent ses pouvoirs. Voilà, ce n'est pas plus ridicule que Peter Parker se faisant mordre par une araignée radioactive. Bizarrement ça passe mieux, mais ça doit être culturel... ils sont fous ces coréens !

En parlant de techniques, en voilà une :

« La technique des yeux qui louchent pour éviter les questions embarrassantes des élèves » y en a d'autres mais je dois dire que mon attention a faibli de temps en temps et puis il y avait du bon pâté et du super formage au menu, ça aide pas pour se concentrer.

Côté réplique y a que du bon, petit florilège :

« Je t 'ai donné des ailes et tu veux quitter le poulailler ? »

« Ce n'est pas parce qu'on est nombreux qu'on doit se croire les plus forts »

« Si un jour je deviens N°1 je pourrais choisir la fille que je veux »

Nous ne sommes pas loin des perles de sagesse dispensées par Morpheus dans Matrix, le vrai. Sincèrement, les traducteurs ont fait du bon boulot, de plus le doublage tient plutôt la route contrairement à la plupart des films asiatiques que le club a déjà subi. On peut reconnaître des voix familières souvent croisées dans le cinéma et diverses séries (la voix française de Morpheus et de Sam Gamegie sont de la partie, entre autres).

Je ne résiste pas au plaisir d'évoquer une scène, très rafraichissante. Le héros se prend une douche très revigorante dans une pièce d'eau collective où il est tout seul. Son affinité avec l'eau devient alors évidente, un peu comme Percy Jackson. Prétexte à une animation de synthèse de l'élément aqueux et à une démonstration des pouvoirs d'eau du héros. Çà pète de partout, pression dans tous les sens, on sent le pouvoir afflué et la nana dont il est amoureux, chef de clan de filles très énervées (elle est plutôt zen), jette un coup d’œil plein de curiosité par la porte entrebâillée et soudain, la pression arrive à son paroxysme et elle se prend une avalanche d'eau d'eau sur la figure... voilà voilà, je vous laisse juge d’interpréter cette scène comme bon vous semble. Moi il me semble que ça fait une référence à une pratique masculine très prisée dans des films estampillées de l'avant dernière lettre de l'alphabet. Jamais regardé ce genre de film, on m'a raconté.

Enfin que du bon goût quoi, j'ai de la peine à passer sous silence la séance de beuverie entre le méchant et le encore plus méchant super surveillant. Le petit méchant se met à vomir des trucs carrément chelous, ça fait un peu penser à un certain clip de Rihanna où elle vomit des bandes de papier.

Dernier petite remarque, la musique est totalement en décalage avec ce qui se passe à l'écran. Ça tient plus de l'inspiration country américaine que du folklore musicale asiatique. C'est assez curieux d'ailleurs, pas mal de films occidentaux, comme ceux de Tarentino s'inspirent de sonorités asiatiques alors que les films du côté du Soleil Levant piochent, très souvent, dans la musique country. Le monde est rempli de contrariétés et de bizarreries, j'en frissonne.

C'est un film qui se savoure comme un rosée sur la plage sous un soleil de plomb et une température caniculaire. Vite ingéré et vite oublié mais pas désagréable. C'est une des meilleures soirées que nous avons passée au club navet. Personne n'a souffert et aucune peine pour arriver au bout du film. Je pense qu'il est grand temps de réagir, on s'encroute avec des films presque regardables. Il faut que ça change, nous ne sommes pas la pour nous amuser. La prochaine fois il faudra frapper fort (et non, pas de dead or alive japonais, faut quand même rester dans les limites de l'humanité.)

Nombre de personnes ayant pris une douche avec jets massants : 9